"Toute douleur qui n'aide personne est absurde" André Malraux
C'est pour cette raison et uniquement pour cette raison que je vous confie ce récit que je poursuis ce jour.
A la douane, dans la file d'attente, devant moi se trouvait une personne de ma connaissance.
Elle se retourna, me regarda d'un air indifférent.
J'allais la saluer quand je compris à cet instant précis qu'elle ne me reconnaissait pas.
Un frisson terrible me parcourut, me glaçant malgré la touffeur de l'aéroport.
Etais-je transparente ?
Avais-je disparu ?
Derrière les barrières mon mari et mes deux filles m'attendaient curieux du résultat.
Je compris immédiatement à leurs regards à tous trois que le visage que je leur présentais n'était plus celui de leur maman ni celui aimé par l'homme qui partageait ma vie.
Ils n'osaient parler, accentuant en moi un profond désarroi.
C'était le silence absolu.
Je repris le travail avec une anxiété non dissimulée.
J'avais un métier public : je dirigeais à l'époque un centre de remise en forme.
Il fallait affronter les clients friands de ragots et potins comme dans tout club qui se respecte.
Je fus confrontée à la méchanceté pure.
Certains prétendirent que pour être enflée ainsi je devais avaler sans aucun doute des corticoïdes afin de soigner un sida...!!!
Je me retrouvais seule, au milieu des rapaces qui prenaient en patûre ma propre chair.
Je souffrais de plus en plus et physiquement et moralement. Les deux réunis doivent ressembler à l'enfer s'il existe...
L'étau qui m'enserrait la tête était intolérable, bloquant ma respiration, empêchant le sang de circuler normalement.
Je garderai TOUJOURS ces sensations qui feront qu'aujourd'hui encore je dois presque réfléchir pour respirer.
Tout ceci est véridique et ce qui suivra également, je rentre dans le détail me direz-vous mais je me répète c'est dans le but de prévenir ceux ou celles que la chirurgie esthétique tente : "Le risque zéro n'existe pas"
Ceci étant redit je sais que beaucoup d'interventions sont parfaitement réussies et que beaucoup de personnes ont pu "revivre" grâce à cette chirurgie, se débarrasser de complexes trop lourds à porter et se sentir "mieux".
Moi je parle des "ratés", des "oubliés" dont on parle si peu...