27 avril 2008
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"A qui ne regarde rien, l'adieu est facile". Gustave Roud
Il fallait dire "adieu au groupe en premier lieu. A toutes ces personnes que j'aimais profondément, avec qui j'avais des liens d'une force rare.
Adam menait l'exercice qui peut paraître risible mais je puis l'affirmer, efficace.
Les participants...puis-je les appeler ainsi ? mes amis ? mes frères ? mes soeurs ? ceux qui ont représenté mon père, ma mère, mon mari...ma famille ou plus fort encore ?
Nous devions tous les neuf former un tas, comme nous voulions, comme nous sentions, les uns sur les autres, ou proches, ou accrochés, ou serrés, un tas de chair, de corps blessés, maltraités, douloureux encore.
Nous tenions une main, un bras, une jambe, un visage, en nous serrant les uns contre les autres ou contre celui ou celle avec qui la séparation serait encore plus dure parce que le lien plus profond.
Didier et moi étions rapprochés et nos mains se serraient très fort, intensément, comme soudés l'un à l'autre par des traces de douleurs communes, par un transfert qui avait parfaitement fonctionné, soudés l'un à l'autre en sachant que plus jamais cela n'arriverait.
En silence, mais dans un silence où les respirations étaient quasi inaudibles tant l'émoi envahissait la pièce, nous étions là entassés n'importe comment, espèce d'amalgame humain à neuf têtes.
Nous ressentions simplement, rien à dire, ressentir, écouter le silence et soi.
Puis lentement, très lentement, avec une infinie délicatesse il fallait se démêler, comme dans un film ralenti, s'éloigner doucement, les uns des autres pour former un cercle dont chaque maillon était "un être à part entière".
Le négatif de ce film est à jamais gravé en ma mémoire.
Prendre le temps de se regarder les uns les autres et de lire sur les visages quasiment tous couverts de larmes une infinie tristesse, mais au fond des yeux de chacun un immense espoir.
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