L'histoire d'un parcours de vie changé par des douleurs morales et physiques dues à la chirurgie esthétique. Alors depuis : "La vie ne se compte pas en respirations mais en moments qui t'ont coupé le souffle"
Mon amie indienne « Clair de terre » tente de me réconforter en me donnant une autre vision des patronymes. Chez elle, tous portent avec joie et fierté leurs appellations, comme son frère « Capteur de lumière ». Pour rien au monde il ne pourrait en désirer un autre. Chaque dénomination est compatible avec leur personnalité tout comme leur couleur de peau, génome araucanien venu d’ailleurs….
Clair de terre sur lune rayonnante
Avec des capteurs de lumière.
En un clic d’ailleurs magique,
Se retrouver enfin compatible
Avec les génomes du poète
Qui aurait une vision pérenne.
Désirer le beau et l’impossible.
Transformer le possible en sublime.
Reste en paix Reine !
Oublie ta vision de lune transformée en clair de terre !
Ecoute plutôt le clic harmonieux du capteur venu d'ailleurs!
Il ne faut désirer que ce qui est compatible...
Signé : ton Génome.
Pour faire une oeuvre pérenne
Il ne suffit pas d'un clic sur l'ordi.
Q'au clair de terre l'envie me prenne
Et je vais transformer mon écrit
En vision surnaturelle !
Que puis-je désirer de plus ?
J'ouvre mes capteurs naturels
Compatibles avec les ondes de Vénus
Mon génome vient de là haut ,d'ailleurs.
Voilà pourquoi je m'en retourne ailleurs.
Abeille50
Assis à l'ombre d'un vieux chêne,
Earth watchers
Sa tâche enfin terminée, l’homme leva les yeux.
Et soupira.La vision pourtant si familière de ce globe irisé suspendu dans un ciel d’encre raviva en lui de douloureux souvenirs. Ris et pleurs se succédaient en un nébuleux écho alors qu’il se reposait un bref instant. Il était seul désormais, et il ne comptait plus le nombre de fois qu’il était sorti de son sommeil pour s’acquitter d’une corvée léguée par ses prédécesseurs déjà partis ailleurs, sous des cieux plus cléments et lumineux, à contempler d’autres mondes plus vivants et verdoyants. Son oreille fatiguée perçut le discret tintement du capteur de mésons qu’il avait omis de recalibrer. Une grimace se fit jour sur son visage parcheminé. Allons, encore un effort. Ce n’était pas de sa faute si son génome n’était pas compatible avec un voyage sidéral : les siens avaient pu quitter le système depuis des lustres, échappant aux relents méphitiques des vaines tentatives humaines pour tenter de maintenir leur planète natale à flot, la rendre à nouveau habitable. Il avait longtemps désiré un signal signifiant le retour des premiers migrants, un signal qui transformerait son existence morose et terne, dans un environnement encore plus morose et terne. Les bâtiments désaffectés ne servaient plus que de dernier refuge au dernier représentant de l’espèce humaine dans cette partie de l’Univers. Les étendues grises et froides de la Lune étaient son seul horizon désormais, hormis les jolies volutes éthérées de la tour de contrôle spatial au pied de laquelle il avait son camp de base. Le chic ultime : une chambre dans un cratère, environné d’appareils de mesure destinés à jauger du taux de radiations nocives dégagées par ce monde autrefois nommé Planète bleue et à présent totalement inhabitable. Un emploi pérenne, sans employeur exigeant ni collègues envahissants.
Sous l’éternel clair de Terre, l’homme reprit le cours de sa vie monotone et sans espoir, étouffant sa solitude sous un ciel constellé d’étoiles où, là-bas, très loin au-delà des frontières cosmiques, l’Humanité avait, peut-être, repris ses droits.