2 août 2008
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22:15
"L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs" Oscar Wilde
Pour le moment, mon visage maintenait sa solidité compacte.
Son état ne s'améliorait pas, pire il s'aggravait.
Je n'ai pas précisé que les muscles eux aussi avaient été coupés, afin d'assurer longévité au lifting.
"Vous en avez pour quinze ans" m'avait claironné l'assistante du chirurgien à l'époque.
Maintenant en y repensant j'entends là comme une sentence: "Vous en prenez pour quinze ans"...de tôle, d'enfermement, d'isolation, de solitude...non ce n'était pas pour quinze ans que j'en avais pris mais pour perpète...
Mon visage me donnait la sensation d'un bloc de pierre sur lequel un plastique, ou un plâtre avait été coulé.
Aujourd'hui ma jambe est dans le plâtre pour rupture du tendon d'Achille et je vous assure que la sensation à côté est de la rigolade pour moi.
Lorsque je penchais la tête en avant, la peau se plissait ainsi que la chair et ne suivait pas les muscles.
Elles restaient suspendues aux tempes comme agrafées et pendaient lamentablement sous les yeux.
Sous mes yeux effarés.
Le sang affluait de façon anormale, ne trouvant pas d'issue par les canaux normaux puisque sectionnés et gorgeait ainsi ma face lui donnant l'aspect du fameux ballon rouge de notre enfance sauf que celui-ci m'épouvantait.
J'étais un mollusque hideux.
J'avais envie d'arracher cette espèce d'enduit ramolli qu'étaient devenues ma peau et ma chair.
Certaines rides réapparaissaient sans correspondre à mes expressions.
Un ancien moi physique, superposé par un nouveau moi inconnu qui ne correspondait à rien.
Présage ?
Une esquisse d'un devenir, mais je l'ignorais encore à l'époque, à cet instant précis je n'avais pas de sens.
Chaque réveil le matin et non ma nuit était un cauchemar.
A peine ouvrai-je les yeux que c'était là...
Je ne pouvais pas nommer le "c'était là", plus tard je saurai que c'est le "ça"...mais nous n'y sommes pas encore.
Mille quatre cent soixante réveils ont tué mon espoir et il y en aura encore bien d'autres, pour le tuer et me tuer intérieurement.
Cette chose allait encore accompagner ma journée.
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