Fétiche Baoulé
J'interrogeais mes filles qui ne voulaient pas me faire souffrir davantage (les seules) en me répondant : "Tu es jolie maman, les cicatrices ne se voient pas".
Elles se voyaient.
Je les remercie de leur adorable mensonge car je puis dire que si je suis en vie c'est un peu grâce à elles.
La cicatrice du crâne ne se referma pas. Ni celle que j'avais en moi d'ailleurs qui sera d'ailleurs beaucoup plus longue à refermer.
Le climat était trop humide et l'ouverture trop large, elle atteignait plus de deux centimètres de large et suintait sans cesse.
Je restais ainsi jusqu'aux vacances d'été, c'est à dire cinq mois sans qu'aucune cicatrice ne daigne guérir.
Nous rentrâmes en France où le chirurgien annonça qu'il fallait réopérer afin de ne pas garder un espace où les cheveux ne repousseraient plus jamais...
J'étais liquéfiée, je n'en aurai pas la force.
J'en eus la force, je ne sais pas où je l'ai puisée et me réveillai une fois de plus le visage bardé de bandes.La couture était faite cette fois à l'aide de grosses agrafes, bien rangées les unes à côté des autres, une vraie fermeture éclair allant d'une oreille à l'autre.
Mais si l'espace avait été comblé, la tension elle était bien plus forte augmentant cet étau intolérable.
Mes illusions sur la chirurgie plastique s'évanouissaient car le travail effectué ne ressemblait en rien à la première intervention, me laissant penser, et j'en suis persuadée aujourd'hui, que ce grand ponte avait laissé opérer ses élèves à sa place...c'est d'ailleurs pourquoi je fus endormie la première fois sans le voir.
Je lui écrivis à plusieurs reprises, les douleurs physiques ne satténuaient absolument pas, sans jamais avoir de réponse.
Intouchable vous ai-je dit, je le confirme, et salaud de surcroît.